Lore
- The Conquerors of the Atlas
- The Nature of the Atlas
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« Les premiers explorateurs escaladèrent les collines pour scruter les environs
et s'émerveillèrent devant ce paysage vallonneux, accidenté et sinueux. » -
« Des saisons existaient bel et bien dans cet étrange endroit inconnu,
mais elles n'étaient pas régies par le soleil ou la neige.
C'étaient des saisons de pierres qui montent et qui retombent à l'instar des vagues de l'océan.
Des saisons de structures, de croissances, de folie et de chaos.
Des saisons de naissances et de décompositions qui semblaient affranchies de toute causalité. » -
« Pendant un temps, on crut que cet endroit pourrait faire naître un empire
plus grand que tout autre qui eut jalonné l'Histoire.
Ils pensèrent que cette contrée pouvait être domptée et dominée.
Mais la domination, comme toute chose en ces lieux, n'était qu'une illusion. » -
Il n'y a pas si longtemps, je vous aurais affirmé que les cartes constituent un merveilleux mélange de science, de thaumaturgie et d'imagination, qu'il me suffit de me représenter un endroit pour invoquer un chemin qui me permet de m'y rendre.
Je voyais en elles un paradis en devenir, mais elles sont plutôt comme le morceau de viande appétissant que l'on a posé sous une grande cage suspendue. Le chasseur n'est peut-être plus, mais ses pièges demeurent. -
L'Atlas contient plusieurs manifestations étranges, dont certaines sont des miroirs des différentes civilisations qui peuplent Wraeclast. J'ai croisé quelques groupes de mercenaires qui risquent de devenir de véritables épines dans nos pieds si nous les laissons libres dans la nature. Exilé, je voudrais que vous les dénichiez et que vous les éliminiez.
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J'ai longtemps pensé que la corruption était un phénomène propre à Wraeclast, mais il suffit d'un simple regard posé sur l'un des territoires de l'Atlas pour voir que quelque chose d'effroyablement similaire, à défaut d'être tout à fait identique, y a étendu son emprise.
Est-ce la corruption qui est unique à Wraeclast, ou est-ce l'apparente absence de corruption ailleurs qui représente une vraie rareté ? Au lieu de pleurer le continent maudit, peut-être devrions-nous considérer tous nos compatriotes exempts de corruption comme des bénédictions. -
Lors de mes premières expéditions dans l'Atlas, j'avais le sentiment que chaque avancée nous permettait une meilleure compréhension de la nature de l'existence. Maintenant, je commence à me demander si ce n'est pas l'inverse.
J'ai parfois l'impression que l'Atlas me surveille, qu'il m'observe et qu'il me fait miroiter mes désirs afin de me pousser à toujours revenir vers lui. C'est comme si plus je m'aventure profondément dans ses méandres, plus il se resserre autour de mon esprit. -
J'ai commencé à explorer l'Atlas dans le but premier de me rapprocher de mon père disparu. Je n'avais aucune idée à quel point j'allais effectivement me rapprocher de lui, mais quand j'y suis parvenue, son esprit s'était pratiquement désintégré…
Avec du recul, je crois avoir été beaucoup trop optimiste quant à ce que l'Atlas pouvait signifier pour… eh bien, pour tout le monde. Imaginez des mondes, des ressources et des grands espaces à l'infini, dont tout le monde pourrait profiter.
Je comprends maintenant que tout cela a un coût insoutenable. Vivre ici, c'est s'exposer à une folie indicible. Elle est implacable et insidieuse. Elle puise dans vos désirs les plus ardents en vous en offrant un aperçu, et cette tentation… J'ai fait ce que j'ai pu pour m'empêcher de tomber dans les mêmes pièges que mes amis…
Le travail que nous effectuons est important, mais il est aussi risqué. De grâce, si jamais vous sentez votre équilibre mental s'effriter, faites-m'en part. -
Le groupe d'exilés qui se sont débarrassés de l'Ancien n'est malheureusement pas le premier que j'ai engagé. Les précédents sont devenus fous ou ont été tués bien plus rapidement, mais même ceux qui sont morts déambulent encore dans les environs. Je ne crois pas qu'ils vous poseront beaucoup de problèmes, sauf si l'un de mes anciens alliés les atteint en premier.
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C'est à bord de l'une des premières flottes de survivants que je suis rentrée à Oriath, impatiente d'avoir enfin l'occasion de mettre mes connaissances à bon escient. Pendant l'effort de reconstruction, nous sommes tombés sur le dispositif doré, un appareil qui a appartenu à mon père, comme je l'ai appris plus tard.
J'avais espéré qu'il puisse nous être utile pendant la phase de repeuplement, mais quand nous avons découvert l'Ancien, il est devenu évident que ce qui se trouvait de l'autre côté des portails était plus susceptible de nous nuire que de nous aider. J'ai réuni un groupe d'individus dans le plus grand secret, une bande d'exilés qui avaient su prouver leur savoir-faire en combat à Wraeclast, et ensemble nous avons entrepris de repousser l'Ancien. Nous avons réussi. Le soulagement qui m'a envahi… est indescriptible. Cependant…
L'Atlas est un endroit dangereux. Il s'attaque au corps comme à l'esprit. Il fait paraître Wraeclast comme un havre de paix. Mon équipe, mes amis, fut particulièrement affectée par notre quête. Les tentations du pouvoir ont fini par leur faire perdre contact avec la réalité.
Et ce n'était plus qu'une question de temps avant que je les rejoigne dans la folie. -
Je m'excuse si je vous ai paru un peu dure, mais en pénétrant dans l'Atlas, vous avez peut-être mis en péril l'humanité toute entière.
Je m'appelle Zana et, il y a de cela quelque temps, j'ai emmené un groupe d'exilés comme vous dans l'Atlas. Notre mission, qui consistait à empêcher à tout prix une créature nommée l'Ancien d'atteindre notre monde, était d'une importance capitale. Quand bien même les exilés que j'avais recrutés étaient des combattants chevronnés, la quête s'avéra extrêmement difficile. Et, pourtant, nous avons réussi : nous avons vaincu l'Ancien. Nous n'avons toutefois pas pu sauver… Nous avons réussi.
J'avais la certitude que tout était terminé, mais… mes compagnons persistaient à… revenir. Inlassablement, ils entraient dans l'Atlas pour détruire des mondes entiers. Leur but n'était pas de sauver Oriath ou d'explorer de nouveaux territoires, mais tout simplement de… massacrer.
L'Atlas affecte l'esprit de bien étranges manières. Je croyais que la folie était un symptôme lié à l'Ancien, mais désormais… Je suis convaincue qu'elle découle de l'Atlas en lui-même.
Les exilés ont atteint une telle puissance… Je n'ai eu d'autre choix que de détruire notre seule issue. Je nous ai tous emprisonnés dans l'Atlas afin qu'il ne nous reste plus qu'à attendre que la mort nous trouve.
À la place, je vous ai trouvé, vous. - Falling Out
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Mon cher Landren,
Tout porte à croire que nous ne quitterons jamais ces lieux étranges. Notre guide affirme que le dispositif que nous avons utilisé pour venir ici a été démoli au-delà de tout espoir de réparation et qu'il faudrait un miracle pour qu'un chemin du retour soit ouvert. Malheureusement, nous connaissons tous deux la valeur des miracles.
À ce stade, je ne peux que souhaiter que des explorateurs intrépides découvrent cet endroit et te fassent parvenir cette lettre, bien que cela risque de prendre un millier d'années.
Comme j'aurais aimé pouvoir passer encore quelques instants avec toi et sentir ta main dans la mienne une dernière fois. Le destin a fait en sorte que, comme autrefois au Tribunal, le devoir passe avant nos désirs.
Sache que j'ai agi ainsi pour ta propre sécurité.
Je te souhaite tout le bonheur du monde.
Éternellement tien,
Baran - Al-Hezmin, le Chasseur
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Quand on passe autant de temps dans l'Atlas que nous l'avons fait, les techniques de survie ne suffisent plus. Il devient primordial de maîtriser le terrain. Ce n'est pas une mince affaire quand ledit terrain se métamorphose au fil des jours, et pourtant Al-Hezmin s'y est retrouvé comme un rhoa dans la boue. Je ne compte plus le nombre de fois où il nous a empêchés de nous perdre dans des dédales de grottes sans fin, ou qu'il a détecté les empreintes d'une bête dangereuse bien plus tôt que le reste d'entre nous l'aurait fait.
Nos éloges ont dû lui monter à la tête, car il s'est mis à s'efforcer d'être le meilleur en toutes circonstances. Si Drox revenait avec deux sangliers, il devait en ramener trois. En combat, il lui fallait infliger les coups les plus spectaculaires et les plus dévastateurs et s'assurer que nous en avions tous été témoins.
Comme sa fixation sur le perfectionnement de ses compétences s'est avérée des plus utile durant notre campagne contre l'Ancien, nous n'y avons pas prêté attention à l'époque, mais… elle l'a profondément abîmé. Oui, il était fanfaron en toutes circonstances, mais il était surtout terrorisé par le risque de n'être que le deuxième ou le troisième meilleur. Il n'a jamais cessé d'être aimable avec moi, même lorsque la folie a commencé à s'insinuer en lui, mais face à un guerrier compétent comme Drox… Un affrontement était forcément inévitable. Nous l'avons quitté furtivement au beau milieu de la nuit, mais je doute que nous ayons réussi à semer quelqu'un de son talent. Il est certainement là à nous épier, quelque part dans l'ombre, attendant le moment propice pour frapper… -
Le Nouveau : Je ne le reconnais pas. Il n'est pas comme les autres. Il semble plus sentient. Je l'ai vu parler à Zana. Aucune idée d'où il vient ni où il s'en est allé.
Il a l'air fort. Plus fort que la majorité des exilés qu'on a croisés. Je me souviendrais certainement de lui si je l'avais déjà vu. Peut-être que Zana nous l'a caché.
Pas aussi fort que moi, quoi qu'il en soit.
Je vais aller poser quelques pièges, histoire de le jauger. De voir de quoi il est capable.
Et ensuite j'irai buter Drox. - Drox, le Seigneur de guerre
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Une nouvelle colline verdoyante se dévoile toujours à l'horizon sur ces territoires vierges qui ne connaissent pas de fin. Moi qui fus jadis contraint à l'exil sans aucune possession, j'ai enfin trouvé un lieu où nous installer pour que la vie puisse reprendre son cours.
Maintenant que l'Ancien et le Façonneur ne sont plus, nous pourrons construire un royaume de Loi et de Justice et laisser derrière nous la domination militariste des Templiers. Plus jamais quiconque n'aura à redouter le pouvoir en place, car ce sera moi qui gouvernerai et, grâce à ma force, j'instaurerai une Loi juste et équitable pour tous.
Car oui, si ce n'est qu'un rêve, alors c'en est un que je peux concrétiser par la force. Chaque vallée que je délivrerai de la menace sera une vallée habitable supplémentaire pour ceux que je ferai venir ici un jour. Tous seront libres et je serai leur seigneur, celui qui règnera sur eux avec respect plutôt que par la crainte ou le joug de la religion.
Drox le Juste -
Chaque vallée que je délivre de la menace s'ajoute à l'étendue de mon territoire ; pourtant, à mon retour, elles semblent de nouveau peuplées de fantômes et d'abstractions tordues. Sont-ce les brumes qui fusionnent pour former ces créatures agitées dès que j'ai le dos tourné, ou est-ce moi qui peine à retrouver mon chemin sur mes propres terres ? Un royaume noyé dans le brouillard n'est pas un royaume.
Pourtant, je sens que les brumes sont subtilement à l'écoute de mes attentes tandis que ma force grandit. Peut-être parviendrai-je à maîtriser cet endroit avec plus de finesse lorsque ma puissance sera devenue incontestable.
Oui, voilà la clé. Je dois encore gagner en force. C'est à ce moment seulement que mon royaume deviendra réalité.
Drox le Puissant -
Je frappe plus fort et me déplace plus rapidement à chaque nouvel affrontement. Je me sens sur le point d'atteindre ce stade glorieux où ma puissance en combat dépassera celle des brumes. Je le sens dans chacun de mes membres, comme une chaleur qui m'enveloppe les bras tandis que je tranche mes adversaires en deux. Désormais, peu importe à quel spectre je livre bataille ; l'important, c'est qu'il tombe au premier coup afin de me permettre d'atteindre le suivant.
Mon rêve se rapproche. Mon royaume est presque à portée de main. Je l'obtiendrai, même si cela signifie que je devrai combattre sans cesse pour l'éternité. Une puissance brute se répand en moi et l'euphorie est ma compagne de chaque instant. Mon peuple aura son foyer.
Drox le Guerrier -
Le peuple acclame son roi ! Il applaudit la magnificence et la puissance de mon règne tandis que j'abats sans relâche mes adversaires dans un éclat de gloire doré. Voilà ce qu'est la vraie Justice : des terres libérées pour une population libre qui brandit le poing en criant ses espoirs dans les brumes, pendant que j'anéantis l'ennemi qui pullule alentour.
Enfin, nous voilà libres, grâce à la force de nos bras et à la lame de la Justice. Jamais je ne me reposerai, afin que mon peuple puisse s'installer dans les vallées de l'Atlas et prospérer. Il me connaîtra comme il connaît le Soleil, et je l'éclairerai de mille feux dorés tel un brasier.
Drox le Seigneur de guerre -
J'ai eu droit à ma part de combats, exilé, mais jamais je n'ai croisé quelqu'un d'aussi à l'aise sur le champ de bataille que Drox. Ce n'était peut-être pas lui notre chef, mais c'était certainement notre commandant. Quand une décision impossible devait être prise en plein affrontement, Drox se débrouillait toujours pour trouver la meilleure marche à suivre. Il nous a sortis de bien des situations qui nous avaient semblé fatales, sans jamais perdre ce sourire chaleureux qui nous faisait comprendre qu'il croyait en nous.
Mais, à un moment, presque imperceptiblement, Drox a cessé de prendre des décisions pour le groupe et a commencé à se concentrer exclusivement sur son nouveau rêve. Ses sourires se sont mués en rictus. L'idée folle de construire un royaume dans l'Atlas s'est mise à l'obséder. Il est devenu glacial envers Véritania et il s'est distancé du reste du groupe. Tous ses efforts se sont tournés vers la sécurisation de l'Atlas et l'instauration d'une Loi. Cette idée fixe nous mettait tous en péril, quelque chose que je ne pouvais tolérer.
Quand je suis partie avec la bande, soit il n'a rien remarqué, soit il n'en a eu rien à faire. - Véritania, la Rédemptrice
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Cet « Atlas » me met mal à l'aise. Lorsque l'Ancien et le Façonneur s'en disputaient le contrôle, l'aspect de leurs territoires respectifs avait un sens, aussi violent fût-il. Les créatures difformes que nous combattions répondaient à un but. Maintenant que ce but n'est plus, ces contrées sont revenues à un état de glaise malléable et primitive qui semble se servir de nos désirs les plus enfouis comme offrandes et autres gages d'apaisement dirigés à notre intention.
Jadis, bien avant d'être exilée, longtemps même avant que j'en vienne à saisir les tristes réalités adultes qui caractérisent l'humanité, je suis entrée dans un palais des glaces lors d'une fête foraine à Théopolis. À la lumière d'une torche, j'ai vu mon reflet se multiplier en s'éloignant, avant de disparaître non pas dans le lointain de l'horizon, mais dans l'assombrissement et le rapetissement de lui-même, perpétué à l'infini.
Les brumes de l'Atlas me font le même effet. Ici, nul brouillard, nul voile ondulant qui m'obscurcit la vue. Je n'y retrouve que ma volonté, mes pensées et mes attentes, toutes réfléchies comme autant d'échos répercutés à travers un espace incommensurable. Un être pur pourrait faire d'un tel endroit un paradis, mais nous ne sommes que mortels et ainsi donc imprégnés de vices.
Ici, c'est l'envie qui est le véritable ennemi.
Véritania la Disciplinée -
Peu de temps avant que l'on perde Sirus, j'aurais pu définir ces exilés comme mes amis. Peut-être même comme ma famille. Un lien particulier se crée entre ceux qui ont la certitude qu'ils vont mourir, et c'est ce lien qui nous a permis de rester concentrés sur notre tâche… mais la mort nous a épargnés. Sirus s'est sacrifié et nous avons gagné.
Mais à quel prix ? Nous sommes tous à la dérive. Chacun de nous aperçoit ses désirs poindre à cet horizon aux contours indéfinis et, ainsi, chacun de nous poursuit sa propre voie. J'ai vu Baran s'engager dans sa croisade alimentée par une juste colère, même si je ne saurais dire à combien de jours cela remonte, tant le soleil est imprévisible en cet endroit. Je soupçonne qu'un soleil éclaire chaque vallée dans laquelle je m'aventure seulement parce que je m'attends à le voir dans le ciel. Y a-t-il un ciel au-dessus de chaque vallée parce que je m'attends à en apercevoir un lorsque je lève les yeux ? Je ne fais plus confiance à aucune de mes préconceptions.
Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis amère, mais je vois clairement la chute des autres tandis que je demeure inébranlable dans mes convictions. Drox est persuadé de pouvoir créer un nouveau pays duquel il serait roi. Son orgueil démesuré l'éloigne inexorablement de moi. Al-Hezmin cherche à perfectionner ses compétences en se mesurant à des ennemis toujours plus dangereux, avec pour objectif absurde de devenir plus puissant que Drox et Baran ; une forme d'envie singulière qui empoisonne à la fois son âme et la terre qui l'entoure.
Lentement mais sûrement, chacun d'entre eux finira par me répugner.
Véritania la Vertueuse -
Tout est devenu limpide. Je dois être le rempart moral de ces lieux. Les autres se sont égarés dans leurs poursuites voraces, des drogués délirants perdus dans un brouillard de complaisance. Rien que penser à eux me rend malade.
Je continue à combattre les horreurs qui surgissent de la brume parce que c'est mon devoir de les freiner. Les purs doivent recourir à la force s'ils veulent imposer l'ordre dans un monde chaotique, et je ne saurais laisser des hommes comme Al-Hezmin ou Drox propager leurs sales vices.
Oui, je suis la seule à s'être libérée du palais des glaces. La seule qui a encore les idées claires. Je dois nous faire sortir d'ici avant qu'il ne soit trop tard… Car je suis la seule qui puisse encore nous sauver.
Véritania la Pure -
Révoltantes, abjectes créatures ! Cet « Atlas » est infesté par le vice. Elles émergent des brumes de toutes parts, dansant, s'esclaffant, se goinfrant, s'enivrant et s'ébattant dans de grotesques caricatures du pire de la médiocrité humaine. Le claquement que font leurs lèvres en mâchant m'écorche les oreilles, la déglutition dégoûtante de leurs gorges gonflées de vin me met hors de moi et leur manière de se vautrer dans des amas de richesses me fait frémir.
Ne voyez-vous pas l'aversion que vous inspirez ? Cessez vos mœurs orgiaques et réalisez donc l'abomination que vous êtes devenues ! Chaque bouchée que vous engloutissez, chaque mensonge que vous vous racontez ne vous rend que plus monstrueuses. Vous êtes en pleine métamorphose. Vous êtes difformes. Vos bouches bouffies enflent, vos yeux se désorbitent et vos mains se boursoufflent. Ne vous êtes-vous donc pas regardées ?
Je vais vous libérer de vos vices en éliminant ces faiblesses qui vous avilissent.
Véritania la Rédemptrice -
Quand je l'ai rencontrée, Véritania était un véritable paradoxe ambulant. Silencieuse et réservée au point de la réclusion, elle semblait pourtant poussée à aider son prochain en vertu d'un code moral humaniste qu'elle se plaisait à professer autour du feu. Autrefois, elle s'était occupée des affamés, des infortunés, des sans-abri, des gens en proie aux dépendances et des esclaves. En fait, elle a été exilée précisément à cause de ses activités caritatives… À force de venir en aide aux Marakeths et aux Karuis, elle a fini par courroucer certaines personnes très haut placées à Oriath.
La personnalité de Véritania fut inestimable lors de nos pérégrinations dans l'Atlas. Grâce à elle, nous avons pu économiser nos ressources limitées bien plus longtemps que j'aurais osé l'espérer, en évitant notamment les confrontations inutiles et en préservant nos forces pour les moments où nous en avions le plus besoin. Elle savait déceler les situations dangereuses avant tout le monde et parvenait à nous en tenir éloignés.
Mais, comme tous les autres, son esprit a fini par plier sous le poids de l'Atlas et Véritania, auparavant si magnanime, en vint à mépriser tout ce qui se présentait à nous. Nous en sommes arrivés à un point où il nous était tout simplement impossible d'être à la hauteur de ses critères démesurés, à l'exception de Drox. Elle a d'ailleurs quitté le groupe peu après que nous nous soyons séparés de lui. La dernière fois que je lui ai parlé, elle m'a accusée de me servir des mystères de l'Atlas comme d'une drogue pour oublier la perte de mon père. Après une telle pique, vous imaginez que je n'ai nullement envie de la revoir. - Baran, le Croisé
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Comme plusieurs de ceux qui furent autrefois loyaux envers le régime templier, Baran éprouve beaucoup de mépris pour ses anciens frères. Notre contemption mutuelle pour Dominus a grandement aidé à raffermir nos liens. Combien de nuits nous avons passées à discuter du point de rencontre de la science et de la spiritualité… et de là où elles se heurtent !
Alors que j'avais tendance à rejoindre le point de vue laïque de Véritania qui dicte que chacun est responsable de ses propres actions, Baran était toujours convaincu que la confiance en Dieu était la base du jugement moral. Malgré tout ce que les Templiers lui ont fait endurer, sa foi est demeurée intacte.
Nous n'étions donc pas toujours d'accord, mais nous respections les positions de l'autre. Bien sûr, une fois que la folie s'est installée, ce respect s'est volatilisé pour laisser place à des disputes effrénées agrémentées d'insultes. Quand le groupe s'est mis à se disloquer, Baran a trouvé des raisons pour semer le doute sur chacun de ceux qui étaient partis. Lors de notre dernière altercation juste avant notre séparation, il m'a accusé d'avoir été envoyée par un démon obscur pour l'écarter du droit chemin…
Puis, je me suis retrouvée seule. -
On ne peut plus rien y faire : Baran ne peut être sauvé. Caeserius… savait-elle quel serait le prix à payer ? Savait-elle à quel sort elle condamnait mon frère ? Je ne lui en veux pas d'avoir tout mis en œuvre pour secourir son père, mais n'empêche qu'au bout du compte, nous sommes forcés d'abandonner Baran aux griffes de la folie éternelle. On ne peut rien y faire, mais ça ne fait pas moins mal pour autant.
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Au fond de mon cœur, je la tiens pour responsable de ce qui est arrivé à Baran. S'il était tout simplement mort, ce serait une chose, mais il est en proie à la folie éternelle à cause d'elle. Je ne peux pas nier cette amertume ; cependant, le devoir appelle. Et le devoir, en l'occurrence, c'est le peuple. Si on essayait d'expliquer tout ça aux Magistrats citoyens, Caeserius serait jetée en prison pour association de malfaiteurs et on serait tous envoyés chez les fous pour nos histoires à dormir debout. On doit affronter ce « Sirus » ensemble, quels que soient mes griefs à l'égard de Caeserius.
- Watchstones and The Return of Sirus
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Ils m'ont laissé tomber. Au moment où j'avais le plus besoin d'eux, ils m'ont abandonné.
Je me souviens avoir aperçu une lumière se faire engloutir par un orbe de ténèbres. Tout s'est arrêté. Je me souviens avoir vu ses mains tenter de s'accrocher à quelque chose. Le désespoir. Je me souviens avoir fait un pas en avant. Je ne pensais pas à moi ni à Oriath. Je pensais à mes amis ainsi qu'à mes frères et sœurs dont la vie dépendait de moi. Je me souviens de sa poigne glaciale qui s'est refermée sur moi, puis je me suis volatilisé.
Je me souviens… du verre. J'étais entouré de verre. Impossible de bouger, de parler. Mais je pouvais tout voir. J'ai tout vu. J'ai vu les autres. Je les ai vus partir. Je l'ai vue partir, elle. Tout s'est passé si vite. Mille jours et mille nuits sont passés en un éclair. Et puis…
Plus rien. Je ne ressentais plus rien. Ni tristesse ni colère. Aucune joie. Aucune douleur. Aucun plaisir. J'étais libre. Libre de mes mouvements, d'aller où bon me semblait. Libre de tout désir. Libre de voir l'univers tel qu'il est réellement…
… vide. -
À celui ou celle qui découvrira cette lettre,
Ce qui s'est passé dans cette étrange contrée biscornue dépasse l'entendement. Un mal plus ancien que le temps lui-même parcourait ces territoires en se repaissant des souvenirs de Valdo Caeserius, un fils d'Oriath.
Hélas, ce monstre qui se nourrissait de lui était d'une puissance sans bornes et était animé du désir implacable de répandre ce que nous en sommes venus à appeler le « Déclin ». Je ne saurais dire pendant combien de temps nous avons pourchassé ce démon ; assez longtemps pour que mes alliés commencent à montrer des signes de folie. Nous aurions sans doute succombé à ce mal si ce n'avait été du courageux commandement de Sirus… et de son sacrifice.
Bien que nous ayons tout tenté à de nombreuses reprises, nous n'avons trouvé aucun moyen de détruire le démon. C'est la fille de Valdo qui a découvert une façon de le bannir, mais au prix de la vie du père de Zana, paix à son âme. Sans Sirus, notre stratagème aurait échoué : le démon, refusant d'abdiquer, frappait sans relâche le dispositif de Zana, et c'est alors que Sirus… a bondi à l'intérieur. Le démon l'a empoigné pour lui soutirer son énergie, relâchant l'appareil par le fait même. C'est ainsi que Sirus et le monstre ont été engloutis par le piège que nous avions tendu et se sont volatilisés hors de notre réalité.
Puis, Sirus est réapparu. Aucun d'entre nous n'a été témoin de son retour. Ses yeux demeuraient fixes, sans jamais ciller, et ses marmonnements incessants… étaient ceux d'un dément. Puis, son visage s'est mis à se contorsionner de cette manière propre à ceux qui sont possédés par l'esprit noir. Il nous a attaqués encore et encore, sans nous laisser la moindre chance de le maîtriser. Nous devions prendre la fuite. C'est à ce moment que nous avons réalisé que le chemin du retour était fermé. La fille de Valdo avait saboté nos espoirs de rentrer.
J'ignore depuis quand nous sommes piégés en ces lieux. Au moins des semaines ; probablement des années. Le temps dans l'Atlas est un mirage.
Je vous en conjure, cher lecteur, chère lectrice, si vous disposez d'une parcelle de bon sens, ne restez pas ici. Rentrez à Oriath ou peu importe d'où vous venez. Faites connaître l'héroïsme et le sacrifice de Sirus et laissez-le, laissez-nous, mourir avec les secrets que nous avons exhumés.
Baran le Mécréant -
Il s'est tu. Il a enfin cessé ses marmonnements insensés.
Les semer était impossible. Peu importe où nous allions, où nous nous cachions, où nous cherchions le moindre réconfort, ses marmonnements nous retrouvaient. Même lorsque notre groupe s'est scindé, sa voix s'enroulait autour de mon crâne comme un serpent, tordant chacune de mes pensées jusqu'à les rendre informes. Tourmenté par ce bruit perpétuel, il m'était impossible d'entendre les chuchotements de Dieu.
Je n'ose plus m'adresser à Lui. Tout ce qui m'importe, c'est de m'évader de cette prison afin d'aller châtier cette blasphématrice insolente de Caeserius pour sa folie. Puis, je reviendrai peut-être avec une armée pour conquérir l'Atlas. Existe-t-il plus grand acte de foi que de fonder une nation au nom de Dieu ? Et que ferai-je ensuite ? Tout ce que Dieu me murmurera.
Il m'a montré une porte : les pierres et les chemins qu'elles révèlent. Je dois seulement trouver la bonne clé.
Dieu tout-puissant, je suis Ton serviteur. Ton épée. Je suis à Toi corps et âme et je Te promets que je Te livrerai jusqu'au dernier de Tes désirs.
Baran le Bienheureux -
Lors de sa fuite, Baran a laissé une pierre derrière lui. En apparence, elle ressemble à une Gemme de vertu, mais je doute que ça en soit une.
Nous avons vaincu l'Ancien, mais nous ne l'avons pas réellement tué. Je ne crois pas qu'une telle créature puisse être détruite. Non, nous l'avons banni en employant un dispositif conçu par mon père, une machine que nous avons reconstruite à partir de fragments de souvenirs matériels que nous avons trouvés. Quand nous avons chassé le démon, certains des souvenirs de mon père furent expulsés en même temps que ceux appartenant à ses innombrables autres victimes. Ils étaient mélangés pêle-mêle, impossibles à départager.
Ces pierres sont ce qu'il reste des victimes de l'Ancien à travers les âges. Cristallisées, concentrées, elles attirent à elles les énergies latentes de l'Atlas. En tenir une, c'est tenir de très nombreuses vies au creux de sa paume ; elles vous emplissent l'esprit de sons, d'images et d'émotions en un mélange à vous rendre fou.
J'ignore si Baran savait ce qu'il détenait, mais je crois qu'il avait une idée de ce à quoi elle servait. Elles sont d'une puissance enivrante. Il m'a fallu toute ma volonté pour retirer ma main de la pierre et m'en éloigner. Ma conscience m'empêche de vous laisser les prendre avec vous, mais ça ne nous empêche pas pour autant de les utiliser contre les Tueurs de l'Ancien. -
Chaque Pierre de veille contient une immense quantité d'informations provenant des explorateurs de l'Atlas passés. Comme les exilés cherchent à nous fuir, ils vont certainement s'aventurer dans des territoires toujours plus profonds afin de faire disparaître leurs traces. Mais les chemins qu'ils auront empruntés sont connus des âmes qui habitent ces pierres.
Je connais des endroits dans l'Atlas où elles pourraient être utilisées pour révéler ces chemins. Montrez-moi sur l'Atlas où vous comptez explorer plus en profondeur et je me servirai alors des pierres pour nous dévoiler des lieux depuis longtemps oubliés. Soyez prudent toutefois, car ces Pierres de veille vont rendre plus puissante toute créature à proximité et très certainement faire sortir nos adversaires de leurs cachettes. -
J'imagine qu'il était sot de ma part de croire que je pouvais simplement tous nous emprisonner ici. Ce n'était qu'une question de temps avant que la curiosité de quelqu'un quelque part ne prenne le dessus.
Exilé, je sais qui vous êtes et ce que vous avez accompli. Je connais vos capacités : celles de détruire des dieux ! Mais les autres exilés disséminés dans l'Atlas… sont une autre paire de manches.
Et, pourtant, nous devons les arrêter. Nous disposerons d'un léger avantage tant qu'ils ignoreront qu'il existe un chemin pour rentrer à Wraeclast. Ils cherchent une autre issue.
Depuis peu de temps, je découvre des autels comme celui-ci cachés dans les interstices entre les cartes. Je redoute qu'ils soient construits par les autres comme moyen de s'échapper. Nous devons trouver comment les en empêcher.
Je suis désolée. Je sais que vous avez déjà tant accompli… Mais à qui d'autre pourrais-je m'adresser ?
Ces exilés ont trouvé des passages secrets comme celui-ci. Je ne sais pas où ils se terrent, mais si jamais vous le découvriez, alors je pourrais nous y conduire. Je vous attendrai dans votre repaire. - L'Éveilleur
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Il se passe quelque chose dans l'Atlas, exilé. Lorsque vous avez enchâssé la quatrième Pierre de veille dans une Citadelle, une réponse s'est fait entendre. Un orage à l'horizon… Un ruisseau qui devient fleuve… Je ne suis pas du genre à faire des métaphores, mais je ne sais pas comment décrire autrement cette impression de crépitement d'énergie portée par le vent. Si l'Atlas était un géant endormi, cette force inconnue est en train de lentement le réveiller.
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Pendant que vous traquiez les Conquérants, j'ai remarqué que de vastes étendues avaient été dévastées par une force inconnue. Comme le territoire se redessine et se réveille à tout bout de champ dans une explosion de puissance, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait là d'une des propriétés de l'Atlas, mais je vois à présent une tout autre explication : une tempête. Une tempête sévit là dehors, plus titanesque que tout ce que nous avons pu voir jusqu'à maintenant, assez puissante pour désintégrer tout ce qui se trouve sur son passage. Cette tempête… Je parie l'œil qu'il me reste que nous retrouverons notre mystérieux Éveilleur pile en son centre.
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Non… Sirus est toujours vivant ? Par tous les dieux, je croyais qu'il était mort ! Il a été percuté de plein fouet par l'énergie relâchée lorsque nous avons conjuré l'Ancien. Comment a-t-il pu survivre ?
Sirus était le chef du groupe d'exilés que j'ai recrutés. Un homme brillant et déterminé qu'il ne fallait pas sous-estimer, même avant que nous ne parcourions l'Atlas ensemble. Nous nous sommes… rapprochés. Quand il a disparu avec l'Ancien, j'étais désemparée. Au départ, j'ai cru que les autres le cherchaient tout comme moi, mais peut-être savaient-ils qu'il était toujours en vie…
J'ai la terrible impression que Sirus n'est pas étranger à la folie qui s'est emparée du reste de la bande. Ou peut-être est-il tout simplement aussi fou qu'eux. Nous devons le retrouver et l'arrêter : si les autres cherchent un moyen de sortir, alors je suis sûre qu'il est en train de faire de même. -
Exilé, c'est une urgence ! Pendant votre absence, notre Dispositif cartographique a commencé à se comporter de la plus étrange des manières : il s'est mis à vibrer, à vrombir et à réaligner son engrenage comme s'il était tiré par des ficelles invisibles. Et je crains d'en connaître la cause…
Une gigantesque tempête qui s'est abattue au cœur de l'Atlas nous cache tout ce qui se passe dans cette région depuis le retour de Sirus. Celui-ci cherche à tout prix à s'échapper et il a peut-être trouvé le moyen d'y parvenir : un Dispositif cartographique de son cru, construit à l'intérieur de l'Atlas dans le but de revenir à Wraeclast. C'est tout ce qui peut expliquer les irrégularités de notre propre Dispositif, car même cette tempête ne saurait être en mesure de diffuser l'énergie d'un autre appareil de ce type.
Exilé, nous devons faire vite. Si Sirus parvenait à revenir à Oriath… Par tous les dieux… Nous devons détruire ce Dispositif coûte que coûte, sans quoi tout sera perdu. -
L'homme que fut Sirus et l'entité qui a détruit nos foyers sont comme le jour et la nuit. Ce qui lui est arrivé au moment où l'Ancien fut renvoyé a volé l'essence même de son être. À son retour, dépouillé de cette essence vitale, Sirus était incomplet.
Il n'y a pas si longtemps, j'aurais pu espérer retrouver cet élément manquant, espérer que le véritable Sirus fut à la dérive quelque part dans l'Atlas dans l'attente que nous le retrouvions et le ramenions à la maison.
Je sais maintenant que tout espoir en ce sens est vain. Peut-être l'Atlas a-t-il aussi effrité cette partie de moi, tout compte fait. -
Était-il maléfique ? J'y pense toutes les nuits quand j'essaie de m'endormir, parce que j'ai l'impression que cette blessure qu'il m'a infligée ne guérira jamais vraiment. C'est comme si une nuée de mouches à bouse enragées me grignotait, me désintégrait à la même vitesse que la peau se régénère…
Sirus, donc. Je n'ose pas m'imaginer être abandonné dans l'obscurité pendant une éternité, aussi subjective soit-elle. Pas plus que je ne peux concevoir être vidé de mon être au point d'attaquer ceux que j'aime. Au bout du compte, j'imagine que ça n'a pas d'importance. On a fait ce qu'on avait à faire… et on le refera lorsque le moment sera venu. - The Second Fall of Oriath
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On dirait bien que c'était la fois de trop. L'Avant-garde a procédé à la plus grosse opération d'évacuation de l'histoire, à l'aide de centaines de navires… Et c'est ainsi qu'Oriath fut abandonnée. Après la domination des Templiers, les mesures de répression sous Innocence, le massacre perpétré par Kitava et, enfin, la ruine causée par Sirus, il est évident que notre petite île n'est pas un lieu pour les hommes. On pourrait aller jusqu'à la qualifier de maudite, bien que nous ne soyons pas entièrement irréprochables devant tous ces désastres.
Il est assez ironique que les Oriathéens dépendent dorénavant des Karuis, qui furent autrefois nos esclaves. Je dis souvent : « bottez les fesses d'un rhoa et il vous éclatera la tête un jour ou l'autre », mais j'ai sous-estimé le sens de l'honneur de nos nouveaux hôtes. Ils ont changé depuis la mort de leurs dieux… et nous aussi, après le départ des nôtres. Je n'étais pas croyant, mais je le sens pourtant. Nous sommes livrés à nous-mêmes à présent.
Il va nous falloir travailler ensemble pour affronter l'avenir…